Pont de carton
L’architecte japonais Shigeru Ban a inauguré vendredi un «pont de papier» que pourront emprunter jusqu’à 20 personnes à la fois, grâce à la solidité des tubes de carton qui le composent, à côté du Pont-du-Gard, célèbre aqueduc romain dans le sud-est de la France.
«C’est un contraste très intéressant: le pont romain en pierres et le pont de papier. Le papier aussi peut être permanent, avoir de la force et de la durée, il faut se débarrasser de ses préjugés» explique à l’AFP Shigeru Ban, qui réalise là une première mondiale avec ce matériau simple et recyclable dont il s’est fait une spécialité.
«La forme s’inspire du Pont du Gard», avec une portée de 20 mètres comme une arche du niveau inférieur du pont antique classé au Patrimoine mondial, ajoute l’architecte.
Né en 1957 à Tokyo, il est connu pour ses abris en carton destinés aux sinistrés de séismes au Japon, en Turquie ou en Inde ou bien aux réfugiés du Rwanda. En France, il est maître d’oeuvre, avec Jean de Gastines, du Centre Pompidou de Metz, en bois, béton, acier et verre (qui doit ouvrir en 2008).
«Un pont, c’était l’un de mêmes rêves», poursuit-il en remerciant la vingtaine d’étudiants de l’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier (sud de la France) qui ont réalisé avec trois étudiants du Japon le montage en un mois, dans le cadre de leur stage ouvrier.
Son pont, à 500 mètres du pont romain, enjambe le Gardon jusqu’à une petite île où se prélassent les baigneurs. Il sera ouvert au public à partir de lundi dans le cadre d’une exposition jusqu’au 16 septembre. Il sera ensuite démonté jusqu’après la saison des crues puis reconstruit pour «devenir un élément de la visite», dit le directeur du site Bernard Pouverel.
Des essais avec 1,5 tonne d’eau dans des ballons ont testé sa solidité, explique Marc Ferrand, assistant de Shigeru Ban qui a supervisé l’installation. Cette «structure en papier contreventée et post-tendue» pèse 7,5 tonnes, avec 281 tubes de carton d’un diamètre de 11,5 cm et d’une épaisseur de 11,9 mm contenant chacun une tige filetée.
Les marches sont constituées d’un matériau en papier et plastique recyclés et les fondations de caisses en bois pleines de sable et galets trouvés sur place, afin de permettre un démontage rapide et aussi parce que «le ciment est très difficile à recycler», souligne Shigeru Ban.
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